Débat sur la transition énergétique
(Source JDLE 24 janvier 2013)
Anne Lauvergeon dirigera le groupe de contact avec les entreprises de l’énergie. La ministre de l’écologie a dévoilé le 24/01/13 le dispositif grâce auquel la France va débattre de sa transition énergétique durant tout le premier semestre.
Dévoilé aujourd’hui 24 janvier par la ministre de l’écologie, le dispositif (quasi) définitif s’avère impressionnant. Composé d’une centaine de personnes qualifiées, le conseil national du débat (CNDTE) fixe ses grandes orientations et son calendrier.
Armé de seulement 7 personnalités, le comité de pilotage veille, lui, au bon déroulement des discussions. Au milieu de tout cela, 5 groupes de travail phosphorent sur des thématiques plus ou moins précises: quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 (oui, mais lequel ?), quelle gouvernance, quels choix en matière d’énergies renouvelables et de nouvelles technologies, comment aller vers la sobriété et l’efficacité énergétique, quel coût, etc. Je vous épargne les sous-groupes de travail. Car il reste encore le groupe des experts, «qui devra aider le débat et aider à la rédaction de sa synthèse», résume Alain Grandjean, son président.
En charge de l’orchestration des discussions, le secrétariat général devra aussi compter avec le comité citoyen (lequel doit assurer «l’accessibilité et la lisibilité du débat au grand public»), le comité de liaison du débat décentralisé (qui devra «coordonner l’organisation des débats sur les territoires avec les collectivités»). Sans oublier le groupe de contact des entreprises de l’énergie. Ce dernier aréopage n’est pas le moins inintéressant du lot. Confié à Anne Lauvergeon, également membre du comité de pilotage, il réunira des dizaines d’entreprises productrices, grandes consommatrices, distributrices, ainsi qu’une myriade de fédérations et de syndicats professionnels. Son but: «Intégrer au débat la vision stratégique de ces entreprises et faire en sorte que le débat influe sur leur stratégie», explique la patronne du quotidien Libération. Delphine Batho l’annonce d’entrée de jeu, «le débat devra être populaire et citoyen». Ce qui n’est pas gagné au vu de la complexité du sujet et du fait, selon un récent sondage, que 80% des Français ignorent encore tout du débat qui s’ouvre. Qu’à cela ne tienne, l’hôtel de Roquelaure a tout prévu. D’abord, en suscitant des débats territoriaux, lesquels devront être initiés par les conseils régionaux. Certains, comme ceux d’Ile-de-France , d’Aquitaine, de Rhône-Alpes ou des Pays-de-la-Loire l’ont bien compris. Ce n’est pas encore gagné pour les autres. D’autant que le débat n’est pas tout. Il y aura aussi des animations. Les trois derniers jours du mois de mars sont d’ores et déjà proclamés «Journées de l’énergie».
Au programme : portes ouvertes dans les entreprises (EDF ouvrira-t-elle enfin une centrale nucléaire à la visite ?), sorties pédagogiques pour les scolaires. «Cela ressemblera un peu aux Journées du patrimoine», avance Georges Mercadal, du comité de pilotage. Retenez bien aussi la date du 25 mai. Non que nous fêterons les Sophie, mais parce que nous vivrons la «Journée citoyenne». Dans chaque région, un panel d’une centaine d’administrés, formés pour l’occasion, débattra des grands enjeux énergétiques. Leurs recommandations seront transmises au CNDTE. Le public sera aussi alerté par une campagne de publicité multimédia, ainsi que par un site internet, dont la mise en ligne est prévue pour la fin de la semaine prochaine. Dans les rédactions, les journalistes auront aussi du grain à moudre. Outre rapporter la teneur des discussions tenues aux 8 coins de l’Hexagone, ils vous informeront de la conclusion d’un prochain accord (prévu en février) franco-allemand sur la promotion des énergies renouvelables. Paris incite aussi les ministres de l’énergie des 27 à participer à des auditions publiques du Parlement. Parce qu’il est «plus large, plus étendu dans le temps et dans la géographie» que les débats sur l’énergie, déjà organisés en 1994 et 2003, le DNTE devrait donner de meilleurs résultats, espère Delphine Batho, qui demande qu’il soit jugé dans la durée. Rendez-vous est donc pris à la rentrée d’automne, saison durant laquelle le projet de loi sera déposé au Parlement.
Christèle Chancrin - Expert Eco-contributions
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