Déchets : les bonnes raisons de visiter un centre de tri


Eco-contributions

18/06/2024

Tout le monde devrait visiter un centre de tri des déchets d’emballages ménagers et des papiers, autrement dit les déchets de notre poubelle jaune. La compréhension du système de traitements de ces déchets aiderait considérablement chacun à respecter les bonnes pratiques, modifier et améliorer son comportement de consommateur et producteur de déchets.

L’équipe E³ Conseil a fait cette visite pour vous au Centre de tri Paprec Trivalorisation du Blanc-Mesnil.

Cyrille Martin, le responsable de ce centre spécialisé dans le tri des déchets issus de la collecte sélective des ménages, nous a éclairés sur le fonctionnement du site et les difficultés auxquelles un tel système est confronté.

La plupart des centres de tri sont des sociétés privées qui fonctionnent en partenariat Public/Privé. Quatre collectivités sous-traitent au Centre du Blanc-Mesnil 100 % de la collecte, du tri et du traitement. Les collectivités restent propriétaires des matières jusqu’à leur valorisation. La vente des matériaux est effectuée au meilleur prix auprès des repreneurs au profit des collectivités qui s’assurent également de la traçabilité des déchets.

Le centre comprend 9 trieurs optiques pour 50 000 tonnes de déchets triées par an, soit 15 tonnes par heure ! Les refus de tri, concernent 30 % environ des flux entrants. Il s’agit de déchets non recyclables ou non conformes au cahier des charges du centre de tri (déchets jetés dans la poubelle jaune alors qu’ils relèvent d’autres filières). Ces déchets sont alors soit valorisés énergétiquement par incinération, soit acheminés vers des déchetteries. C’est aussi 7000 poids lourds en transit sur le site et 2500 bennes à ordures ménagères par an.

Tri optique : les limites

Les papiers cartons, toutes fibres confondues, représentent environ 50 % du gisement. Viennent ensuite les pastiques, toutes catégories confondues, avec environ 14,5 % et les métaux (acier et aluminium), environ 3 %.

La plupart des fibres, triées par des machines de tri optique en fonction de leur nature, seront recyclées. Cependant, la performance des machines n’est pas sans faille. D’autres matériaux peuvent se mélanger aux flux, que les machine ne sont pas en mesure d’identifier lorsqu’ils sont imbriqués ou aplatis. Un second tri, manuel cette fois ci, est effectué pour corriger ces erreurs. D’où l’importance de séparer chaque élément d’un emballage lorsqu’on le met dans la poubelle jaune. Il est aussi utile de rappeler que seuls les emballages et les papiers tels que journaux, magazine, feuilles d’emballages, cahiers, brochures se trient. Les serviettes, essuie-tout, mouchoirs ne sont ni des emballages ni des papiers recyclables. En se mélangeant avec les autres fibres ils altèrent la qualité de la matière recyclée.

Carton vs plastique

Les emballages en carton pour aliments liquides ou humides sont renforcés avec du pastique afin d’assurer leur étanchéité. Dans le cas des briques, notamment Tetra Pack, une couche d’aluminium peut être adjointe. Ces emballages nécessitent un traitement spécifique pour être recyclés car il faut séparer les différents matériaux qui les composent et peu d’usines sont en capacité de le faire. Leur recyclage coûte donc cher. L’emballage en plastique à usage unique pour ces produits s’avère plus adapté que le carton car mono-matériau (meilleure recyclabilité) et beaucoup plus léger que le carton (moins d’émissions de CO2 en termes de transport). Il faut privilégier les emballages réemployables chaque fois que cela est possible.

Traitement des déchets : l’addition est lourde !

Le traitement des déchets représente une lourde logistique, des installations perfectionnées, du personnel en nombre important (collecte, stockage, tri, surtri, recyclage…), en un mot il coûte cher, très cher. Nous avons en France près de 30 filières de déchets sous REP(1), le nombre le plus important d’Europe, pourtant les taux de collecte et recyclage ne sont pas aussi performants qu’ils le devraient. Parmi les raisons de ce déficit, la complexité du système mais également le manque d’implication des citoyens. Combien coûtent le traitement des déchets qui ne suivent pas la filière dédiée ? Lorsqu’un appareil électro-ménager ou un vêtement arrive dans un centre de tri dédié aux emballages il doit repartir vers une déchetterie. S’ajoutent alors des frais de stockage, de manutention et de transport.

Il faut savoir également que, in fine, c’est le consommateur qui paye l’écocontribution(2) car elle est incluse dans le prix de vente du produit. Plus la gestion du déchet est complexe, plus l’écocontribution et la TEOM (taxe d’enlèvement des ordures ménagères) sont élevées.

Le renforcement de la sensibilisation au geste de tri est plus que primordial. Le traitement des déchets coûte de plus en plus cher aux producteurs comme aux collectivités. Les pratiques vertueuses des consommateurs comme des producteurs, qui doivent s’impliquer davantage dans l’information du consommateur et l’écoconception, devraient permettre de faire baisser la facture en plus d’améliorer notre cadre de vie. Pensez-y !

1-REP : Responsabilité élargie du producteur

2-Ecocontribution due par les producteurs/metteurs en marché pour le traitement de la fin de vie de leurs produits en application du principe pollueur-payeur.

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